Eh oui petit retour en arrière, à peu près 40 ans, grand saut dans le début de mes études et des inscriptions à Langues O où j’ai eu grand plaisir à apprendre russe et serbo-croate.



Redécouvrir ce lieu mythique de mes vingt ans et voir comment il a été restauré et quelle en est son histoire.
Aujourd’hui ce n’est plus le haut de mes cours de serbo-croate avec Mme Lasic, mais un centre de recherche.
Mais faisons un petit tour dans l’histoire de cette maison particulière des langues O.
200 ans d’histoire nous contemplent et nous remettent en 1873 lors de l’installation de l’Ecole des Langues Orientales dans ce bâtiment.
Son premier nom est l’Ecole spéciale des langues orientales créée en 1795. Ce haut lieu avait pour mission d’instruire les Français à la connaissance des langues orientales vivantes. L’idée de cette école avait germée sous Colbert et à travers l’implantation dans le monde des Jésuites pour que des élèves reçoivent des cours de langues turque, perse, arabe.
Mais c’est en 1795 à la fin de Terreur que l’école sera fondée, rattachée tout d’abord à la Bibliothèque nationale puis dans un local du Collège de France où elle a peu de place et ceci pour former des interprètes.
De grands noms vont cheminer le parcours de cette grande école et lui permettre d’étendre son aura.
Tout d’abord Sylvestre de Sacy, orientaliste et administrateur de 1758 à 1838 en est la figure tutélaire par ses connaissances d’une vingtaine de langues. Louis Mathieu Langlés et Charles Schefer insuffleront une dynamique. Le dernier sera administrateur de l’Ecole en 1867 jusqu’à sa mort en 1898. C’est lui qui transférera l’Ecole dans l’hôtel particulier Bernage où il se trouve encore aujourd’hui. Puis Paul Boyer qui professeur de russe, fait de ce lieu un Grand Etablissement en 1914. Puis un certain nombre de changements vont être faits suite à mai 1968. Rattachée en 1971 à Paris III elle devient l’Institut National des langues et civilisations orientales. Puis la loi Savary de 1984 lui permet de retrouver son indépendance.
Mais entrons dans ce beau bâtiment qui a été restauré en 2019.
L’hôtel Bernage va ressembler à un palais à l’esthétique islamisante avec un escalier d’honneur monumental en pierre avec une rambarde cernée d’arabesques et des motifs floraux et un grand candélabre de bronze. Le plafond de l’escalier est empli d’un soleil digne du roi soleil. Et un autre illumine par son or et ses croissants enlacés de coquilles et de fleurs. Lorsque l’on arrive en haut on peut admirer un Turc, un Chinois, un Indien et un Persan.






Ces quatre personnages on les retrouvera sous forme d’idéogrammes dans un couloir du bâtiment au premier étage. Il marque l’esprit par l’Orient.





Le sol de l’entrée de l’établissement est fait de mosaïques avec des croissants de lune et des fleurs différentes les unes des autres, aux quatre coins.


Au centre de la cour il y a la statue de Sylvestre de Sacy.

Au rez de chaussée, là om avait les lieux d’inscription aux Langues O se trouve aujourd’hui un superbe amphithéâtre où le Professeur Losserand, japonisant, nous a raconté l’histoire des Langues O. C’était passionnant !

Une fois au premier étage on peut y trouver différents salons dont celui d’honneur où des œuvres kajars ornent les murs, dont le portrait de Muhammad Shah terrassant le dragon (sorte de Saint George terrassant le dragon) et le joueur de sefar avec son chat si mignon.



De cet étage on aperçoit la girouette sous forme de grue qui symbolise l’immortalité dans la Chine ancienne, le croissant de lune référence à la civilisation arabe et le serpent symbole du temps dans la civilisation africaine. Les plafonds sont décorés de jolies peintures du 19e, mélange de fleurs et d’oiseaux.



Au deuxième étage on découvre les balles « Temari » balles pour enfants faites de fils de soie puis offertes pour le Nouvel An et enfin deviennent des objets de décoration. Il y a aussi les poupées « Washi Ningyo » artisanat traditionnel du Japon. Tous ces éléments datent de la période de l’Edo et sont un don de la Japan Airlines en 1980. Il existe aussi des masques de Kinjo Minoru, des visages tourmentés de personnes qui luttent contre l’oubli.




Moi je me souviens des salles exiguës des cours de serbo-croate et de la noirceur des murs en bois foncés – c’était triste à pleurer mais on y étudiait avec plaisir ! et on courait d’un établissement à un autre car le russe était à Clichy dans un bâtiment style Payen, Asnières pour l’arabe, Dauphine pour le chinois et les cours du CPEI (commerce international). Souvenirs, souvenirs quand ils reviennent.
J’ai adoré les escaliers nombreux qui cheminent dans cet établissement.

Et pour finir la visite, nous avons eu le droit à des danses dans la cour d’un rythme soutenu par des étudiants de Langues O. Un très bel honneur à ce lieu de mémoire.



En sortant de l’immeuble sur la rue des Saints Pères o peut voir sur les fenêtres du dernier étages des signes en japonais, chinois, persan…. Cela marque les esprits et en 6 ans d’étude je ne l’avais jamais remarqué – normal je courais d’un site à un autre donc pas le temps de lever les yeux au ciel !


Et pour finir ma visite je suis passée devant la maison de Gainsbourg rue de Verneuil et je me suis amusée à regarder le street art qui colore les murs de la maison. Une m’a profondément émue ce sont les signatures de Gainsbourg sur les portes, son visage avec la gitane, la photo de Jane et lui et celle en noir et blanc, portrait de deux êtres disparus, et avec eux ce que cette époque représentait !




Et pour finir j’ai trouvé sur mon chemin ces mini-tableaux sur l’amour. Love, love & love !


C’est ce qu’il faut retenir de cette journée.
Pairs le 16 septembre 23.
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