La maison de Sigmund Freud – Vienne


J’adore aller visiter des maisons qui ont un témoignage à prodiguer sur la vie d’une personne ou d’une famille qui ont marqué leur siècle. Et Sigmund Freud a marqué son siècle par son histoire mais aussi par son travail sur la psychanalyse et l’analyse des rêves.

C’est pourquoi je me suis rendue à Bergasse 19, lieu où a vécu la famille Freud de 1891 à 1937, année du départ vers Londres jusqu’à sa mort en 1939. Freud y vécut 47 ans et c’est le lieu de la création et du développement de la psychanalyse.

Le musée a été fondé en 1971, rénové et étendu en 2020. Il donne sur la rue Bergasse mais aussi sur une cour calme. L’immeuble est cossu, tout blanc et sans trop de fioritures. On peut admirer sur le vitrage de la porte Sigmund Freud Museum. Devant l’immeuble se trouve un banc coloré de pois bleus, mauves, blancs ainsi qu’une poubelle colorée de la même manière. Evocation des rêves ?

On arrive au deuxième étage par un escalier magnifique dont les rampes sont travaillées. Les vitres qui donnent sur le jardin sont les reflets de femmes sérigraphiées avec des rubans de fleurs tout autour. C’est juste magnifique. D’autres vitres se confondent dans les arbres du jardin et le vert des feuillages s’intègre à merveille dans les vases et les rubans de fleurs. On peut aussi tout en haut des escaliers, admirer les carrelages dignes des Perrusson en Bourgogne.

Du pallier on peut accéder par deux portes aux appartements constituant l’étage : l’une donnant sur le lieu de travail de Freud et l’autre sur l’appartement proprement dit de la famille.

J’ai choisi de démarrer par le lieu familial (porte de gauche) où l’on passe d’une chambre à une autre pour dérouler l’appartement en entier. On y trouve les chambres des enfants, la salle à manger qui a été changé en lieu de réflexion sur la psychanalyse. Et on découvre dans chaque pièce des objets ayant appartenu à Freud, des photos, les livres qu’il a écrit avec ses collègues comme Charcot en France – premières éditions dans toutes les langues européennes, toutes ses lettres avec sa famille et ses collègues travaillant sur la psychanalyse. On peut aussi y découvrir l’arbre généalogique de la famille Freud que je vous partage. Un livre a attiré mon attention – celui avec la photo d’un de ses chiens, un chowchow qu’il adorait, nommé Topsy. Toute sa vie il aura des chowchows. On y verra aussi l’annonce de sa mort dans le journal France Soir.

Un choix délibéré a été fait aussi de ne pas reconstituer l’appartement familial tel qu’il était mais de présenter objets, livres et recueils pour montrer la face noire de l’histoire de l’Anschluss et des prémisses de la deuxième guerre mondiale et de l’extermination des juifs.

Il ne faut pas oublier que l’Europe centrale et Vienne en particulier était une ville où la création dans toutes les matières culturelles, et les domaines scientifiques, littéraires, picturaux étaient souvent faites par des hommes et des femmes d’origine juive.

Beaucoup de photos en noir et blanc nous présente l’appartement tel qu’il était avec les poêles les Saxe, nous permettant de nous orienter et d’authentifier les lieux.

On peut passer d’un appartement à un autre par un petit corridor ou bien par le pallier. Et là on entre dans la salle d’attente au sofa rouge du bureau de Sigmund Freud. On est très touché de découvrir cet endroit intact. Puis on entre dans son bureau où de grandes photos en noir et blanc nous donnent la perspective complète du lieu avec tous les objets et meubles le constituant. Impression de partager un moment de vie de Sigmund Freud. On découvre le mur de livres qui alimentait ses réflexions et son travail, les vitrines avec des objets gréco-romains ou bien égyptiens car Freud collectionnaient ces objets. On peut voir encore quelques exemplaires qui ont survécus à la guerre et aux déménagements.

Parallèlement Anna Freud et son mari Dorothy Burlingam y sont aussi représentés incluant la fameuse lanterne magique.

La Musée est aussi un lieu de recherche.

C’est aussi un témoignage de l’époque du début du XXe siècle et de la montée du national-socialisme et de l’hitlérisme avec toutes les problématiques que les juifs ont pu subir. C’est aussi un témoignage sur le travail de Freud qui démarra ses travaux sur la psychanalyse en 1900 et fut réellement connu dès 1921. Il marqua à jamais la psychanalyse et encore aujourd’hui il fait partie des grands de ce monde dans ses recherches.

Pour quitter Vienne la famille Freud a dû accepter un arrangement pour aller s’installer à Londres. Certains des enfants étaient partis bien avant et s’étaient exilés soit à Londres soit aux Etats-Unis. Freud mourra à Londres des suites d’un cancer.

En ressortant de l’immeuble on peut voir dans une vitrine attenante toute une série d’yeux (Eyes ou Ochi en Ukrainien) et cela m’a interpellé au point de les photographier. C’est une porte d’entrée sur l’âme. Cette exposition a été créé en 1916 dans une petite ville à côté de Lviv. Cela a permis à des enfants, après l’invasion du Donbass et de la Crimée de s’exprimer sur la perte psychologique des parents, sur l‘anxiété que la guerre peut transmettre à des enfants. Ceci a été réalisé pour les 40 ans de la mort d’Anna Freud qui s’était occupé des enfants traversant la seconde guerre mondiale. Ces yeux nous montrent la diversité des origines des hommes, des différences de couleurs d’iris et de formes et nous ouvrent au monde qui nous entoure.

Un lieu chargé d’histoire très émouvant et marquant.

Lien : https://www.freud-museum.at/en/ Paris le 31 juillet 23.

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