Il y avait bien longtemps que je rêvais de visiter Trieste et en allant à Venise je m’étais promis d’aller faire un tour dans cette ville.
Ni une ni deux, un billet de train aller-retour dans la journée je suis partie à la découverte de cette ville inattendue en Italie.
Elle n’a rien d’une ville italienne mais tout d’une ville de l’Empire des Habsbourg, viennois dans l’âme et italienne pour le café et la dolce vita.
Partie de la gare de Venise sous un ciel bleu magnifique nous avons longé la lagune sur un pont avant de passer par Mestre et de filer vers Trieste. De nombreux arrêts en gare m’attendaient et surtout suivre la chaine des dolomites enneigées était vraiment incroyable et plein de révélations.
Une région de vignobles et de terres plates emplies de roseaux nous entourait et puis vers la fin du voyage des montagnes escarpées glissant vers la mer rendait le paysage surprenant. La mer Adriatique et les plages de sable blanc d’un côté ; de l’autre des montagnes escarpées et des mines de marbre.
Sortant de la gare j’ai filé vers le centre-ville et j’ai attaqué la visite par le grand canal qui remonte vers l’église San Antonio. Simple canal avec le reflet des nuages dans son eau et des bâtiments qui l’enserraient. Bâtiments austères et en même temps d’une beauté incroyable. L’un d’eux avec des dessins de briques en zigzag et des cariatides sous le balcon central. Il abrite le café Illy où l’arôme du café embaume le lieu. Il faut savoir que Trieste est la ville où le café était importé pour tout l’empire Austro-hongrois. L’intérieur était allumé de lampes en tasses à café. Trop drôle !
Le temps était vraiment radieux et les bâtiments aux couleurs rose, jaune, rouge se reflétaient dans l’eau du grand canal. Les petits bateaux de pêche tanguaient sur le canal et donnaient une illusion d’un port de pêche.
Et au coin d’une rue une église orthodoxe serbe Saint Spiridon. Je n’ai pu m’empêcher d’y entrer et là quelle surprise !
L’extérieur est très austère à part la mosaïque sur le fronton. Mais l’intérieur entre la coupole bleutée, ornée d’étoiles dorées et du Christ en plein centre irradiait de spiritualité. Tous les Saints étaient tout autour de la coupole et nous regardaient du haut de leur hauteur. L’iconostase avec ses magnifiques icones scintillaient avec le soleil le léchant. L’odeur de l’encens me tournait la tête et surtout entendre parler serbe en cet endroit et en Italie m’a chaviré. Il est vrai que Trieste est à une encablure de la Slovénie. Et pour moi Trieste est Trst en serbo-croate et restera Trst. Du port on peut apercevoir la frontière. Si j’avais eu le temps j’aurais fait un saut.
Je suis ressortie et j’ai continué ma balade dans la ville à travers les rues piétonnes pour filer vers la grande place de la mairie.
Il est impressionnant de déambuler dans une ville propre ! Le soleil léchait les bâtiments et faisait ressortir le jaune doré des édifices.
Beaucoup de fresques ornementent les maisons et de magnifiques balcons surplombent les rues.
Une place immense donnant sur la mer avec la jetée au bout, fermée par la mairie et derrière celle-ci le théâtre romain. Car l’influence de Rome n’est pas très loin non plus ! Une très belle fontaine, placée en son centre fait face à la mairie. Une crèche avait été installée en ce lieu et les enfants venaient la regarder. Un superbe théâtre dit de Verdi fermait le côté droit de la place. Théâtre dont les murs sont ornés de mosaïques vertes, dorées, représentant des personnages ou des musiciens. Et la mairie imposante par sa taille, son horloge qui sonnait et qui s’est enluminée vers 17h au moment où la nuit tombait. Sa tour est devenue verte. Je me suis assise au café Degli Specchi pour boire un café viennois enveloppée dans une couverture car la fraicheur pinçait. Puis le sol s’est enluminé de points bleus, les lumières se sont allumées et ont recouvert les bâtiments qui sont devenus surréels. Trieste prenait son habit du soir.
Puis en repartant vers le bout de la place une église orthodoxe grecque de Saint Nicolas faisait face à la mer.
Sur la jetée les gens viennent se promener, s’asseoir sur les bancs, profiter du soleil d’hiver et regarder le monde. J’y suis restée à regarder les alentours et m’amuser à admirer cette ville qui pour moi n’a rien à voir avec l’Italie. Des dômes bien autrichiens, des bâtiments bien carrés, massus et lourds nous entouraient. Rien à voir avec la légèreté de l’Italie. Et la mer sans fin qui s’ouvrait à nous dans toute son immensité.
Tranquillement j’ai repris le chemin de la gare pour revenir tardivement par le même chemin et retrouver Venise l’endormie.
4 décembre 2021
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