Une très belle exposition didactique, pleine d’entrain, surprenante et immersive, avec de la réalité augmentée et en 3D, a ouverte à Pairs sur le monde des incas, le Machu Picchu et ses trésors, en collaboration avec le Musée Larco à Lima, au Pérou.

Le Pérou et Machu Picchu viennent à vous – un grand voyage !

3000 ans de civilisations andines, Précolombiennes, jusqu’au mystère du Machu Picchu s’offrent à vous.

On entre dans un temple digne de la bande-dessinée de Tintin et le temple du soleil, et on découvre le monde des Incas et de Machu Picchu.

Des animations du monde andin se mettent en place et l’on aperçoit les montagnes de la vallée sacrée avec les animaux sacrés comme le jaguar ou bien les oiseaux. On est ensorcelé et cela va aller de caribe en scylla.

Ce monde andin se caractérise par des civilisations qui nous sont peu connues come celles des Chavin, Nazca, Mochica, Huari,  Chimu, Vicus, Salinar, Chachapoyas…. On pourrait se dire que cette grande variété de peuples entraine peu de cohérence dans ce monde inca. Or il n’en est rien, au contraire le monde symbolique, mythologique est le même. La représentation du monde symbolique de l’univers sous le nom de « cosmovision » servait aux cérémonies et à la communication avec les différents monde constituant l’univers. Il se définit en trois espaces : le monde Hanan Pacha, c’est-à-dire le monde d’en haut, espace céleste et divin d’où se répandent la lumière et la chaleur du soleil. Le monde d’en bas, l’Uku Pacha représentant monde souterrain, sous-marin, sombre et humide sorte de monde utérin, là où les graines semées poussent. Il est souvent associé à la lune et à la nuit. Et enfon le Kay Pacha qui est la surface de la Terre, zone contact entre les deux autres mondes où l’homme vit. Et l’on retrouvera tout au long de l’exposition des objets dédiés à ces mondes.

On entre dans des salles qui vont se suivre, les unes, derrières les autres, avec des thématiques. Des portes arrondies vous font pénétrer un monde inconnu et les couleurs changent d’une salle à l’autre en passant du bleu à l’ocre rouge. Parfois des animations présentent des objets rituels et des animaux défilent devant vous en superposition. On peut voir aussi les Dieux partir à la chasse. C’est incroyable de modernité et de beauté.

A l’entrée de l’exposition, j’ai d’abord trouvé un clin d’œil au drapeau ukrainien par un tissu de plumes jaunes et bleu.

Puis on découvre des objets liés à la nature et au culte des animaux. Ici cette jarre représentant l’eau.

D’autres nous permettant de découvrir les rites de la fertilité et de la régénération avec ces phallus offerts ou ces hommes ces femmes, proches les uns des autres, se masturbant.

Tout est lié à la cosmologie et au chamanisme puisque le chaman est le lien entre le monde vivant et le monde du dessous. Cosmologie que l’on retrouve dans le monde de l’Amérique centrale par exemple avec les Bribris au Costa Rica et le monde U Sulé.

De très belles boucles d’oreilles en pierre de turquoise et en or en forme de spirale, font partie des ornementations que portaient les rois.

Les coupes en or qui sont incrustées de dessins symbolisant l’eau.

Ou bien cette pierre statue qui symbolise aussi la fertilité, le jaguar et le vagin denté.

Certains objets se rapportent à des oiseaux comme le colibri représenté en or ou bien sur un pot avec les fleurs qu’il vient sucer. Ou bien ces autres oiseaux comme des cormorans yacon. Ou bien ces récipients de chicha (boisson à base de maïs) en forme de jaguar ou de puma, symbole d’agilité. Ou bien celui représentant des serpents (monde d’en bas).

Beaucoup de bijoux aussi nous sont présentés et on peut voir que la turquoise était la pierre familière des incas, travaillée et mélangée à l’or.

Ce masque funéraire magnifique du visage d’Ai Apaac  (super-héros mochica) en cuivre qui fait penser à de la pierre obsidienne, avec les coquillages blancs de Strombus de la culture mochica est juste une merveille. On dirait qu’il lit en vous avec son regard puissant.

Ou bien ces larges coupes en terre cuite où la vie du prince Ai Apaac est racontée.

Ou encore cette bouteille à anse d’étrier où la vie d’Ai Apaac nous projette dans les combats marins contre d’affreux monstres en étant représenté par un escargot Strombus. Après avoir lutté avec cet animal il s’approprie sa carapace et qui symbolise l’eau et sa régénérescence.

Toute la vie d’Ai Apaac a un épisode lié aux symboles de la vie mais aussi de la mort. Il peut être transformé en maïs, symbole de la fertilité, et qui deviendra la chicha boisson préférée des Dieux. Sur sa tête on peut admirer sa coiffe féline en forme de demi-lune. Il porte des boucles d’oreilles à tête de serpent et sa bouche montre les crocs du félin, le jaguar.

Toute une salle est consacrée à la chasse avec les représentations des animaux et l’effigie au daim captif, le chasseur le portant sur son dos. Il est de rang élevé car il a bandeau orné sur son front. Le sacrifice du daim favorise les relations entre le monde supérieur, le monde intérieur et le monde d’ici.

L’exposition nous présente aussi le thème du sacrifice humain pratiqué sur les guerriers, otages de guerres. La symbolique des sacrifices correspond à l’importance du sang sacré qui apaise la colère des dieux. Donner sa vie permet de rééquilibrer les forces du monde. Et ces rites sont régulièrement pratiqués dans la culture andine.

Puis on découvre les habits des soldats et ceux magnifiques des seigneurs. Des tapisseries aux couleurs ocre rouge décrivent les mythes des Andes et faisaient partie des rites funéraires des ancêtres. Pour aller dans l’au-delà il fallait être paré. Ces dernières sont réalisées en laine d’alpaga et de vigognes. Les pigments proviennent de plantes et d’insectes. Les dessins géométriques sont d’une finesse époustouflante.

Et la salle incroyable c’est celle des parures en or qui permettent de déterminer le statut, le rang social et l’identité des ancêtres. Les chamans chavins, les chefs vicus, et toute la noblesse chimu. La finesse du travail de l’or martelé à l’envers, les représentations des poissons et du chef, la couronne de pélicans ou bien le collier de grenouilles et les pectoraux en forme de fleurs, ainsi que le collier en perles de turquoises et le trousseau funéraire impérial chimu composé d’une couronne à plumes, d’un collier, d’un pectoral, d’épaulettes et de boucles d’oreilles le tout dédié au Dieu du soleil. Je dirais que cette œuvre est le clou de l’exposition.

Et puis la dernière salle est consacrée à Machu Picchu, sa vie quotidienne, les oiseaux et le réseau d’eau ainsi que la construction de la ville.

Un autre élément constitutif de cette société est le Quipu inca qui permet de compter de manière décimale sur la base de la longueur des cordes, des nœuds et de la couleur. Ainsi l’Empire inca pouvait enregistrer tout ce qui était produit, stocké et consommé.

On finit par la vision en photo de Machu Picchu site, on ne peut plus visité et tellement perché que l’on se demande comment il a été construit.

Je vous recommande chaudement aussi d’aller vous asseoir dans un fauteuil et de partir visiter le site de Machu Picchu en réalité virtuelle. C’est impressionnant, génial et remuant. Parfois on rentre dans les murs. On subit les secousses des tremblements de terre. Survoler cette ville et ces montagnes, plonger vers la rivière ou à flanc de montagnes avec le digne représentant inca, vous transporte dans un monde inconnu. Et là vous êtes à Machu Picchu, vous participez à la culture inca et vous voyez Machu Picchu comme nul autre.

Paris le 25 avril 2022.

Chronologie des principales cultures incas :

Chavin : de 1250 av. JC à la fin du 1^er siècle av JC Sierra du nord

Nazca ; de 300 av. JC à 650 côte sud

Mochica : 100-800 côte nord

Huari : 600-1300 Sierra du Sud

Chimu : 900-1470 côte nord

Inca : 1300-1532 apparue sur les hauts plateaux du sud du Pérou qui devient un véritable empire au XVe siècle. Il se terminera brutalement avec la mort du chef inca Atahualpa lors de la conquête espagnole.

Lien : https://www.citedelarchitecture.fr/fr/exposition/machu-picchu-et-les-tresors-du-perou

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