
J’ai entre hier soir et ce matin lu ou plus exactement dévoré le dernier livre de Gisèle Halimi qui retrace le parcours de sa vie, de ses luttes pour la liberté (tout court) ou celle des femmes, sa vision de la place des femmes et son testament aux femmes jeunes des années 2020.
Je me suis plongée dans sa vie, son histoire comme dans un voyage avec cette même fougue et cette même folie, comme le voyage intérieur de ma vie ou comme le voyage que ces femmes des années cinquante ont parcouru pour nous permettre de vivre de notre salaire, de vivre notre liberté et de pouvoir nous assumer financièrement, de vivre nos amours librement et d’assumer nos vies comme nous les désirions.
Cette femme de conviction m’a fait comprendre comment nos mères vivaient et comment certaines désiraient que leurs filles s’assument et vivent leurs vies non plus dans l’ombre de leurs maris, de leurs pères, de leurs frères mais comme des êtres à part entière.
Libre, Libre, Libre nous sommes et je suis.
Ce livre a fait écho à qui je suis – cette femme qui n’a jamais voulu d’enfants, qui ne compte que sur soi et son travail pour vivre cette indépendance gagnée de haute lutte par des féministes ou par les actes de femmes qui croyaient en la place de la femme, égale aux hommes.
J’ai visité ce livre en voyageant en Tunisie où la femme n’avait aucune liberté comme en France à l’époque. Je me souviens avoir entendu ma mère me dire que pour ouvrir un compte bancaire il fallait l’autorisation du père ou du mari ! Je n’imagine pas cela aujourd’hui. Et je parle des années 1955 ou 1965 ! il n’y a pas si longtemps à l’échelle de l’humanité !
J’ai aussi revisité l’histoire de notre pays la jolie France qui à travers ses colonies et sa décolonisation vouait aux gémonies les droits de l’homme, les droits fondamentaux à la défense et qui abusait de la torture, du viol en Algérie ou en Indochine. Car il est toujours plus facile de faire courber une femme en l’avillissant et en touchant à sa chair.
J’ai surtout parcouru cette vie passionnante de Gisèle Halimi à travers ses études, sa ténacité pour devenir avocate avec un « e » et être reconnue comme femme avocate, défenseur des droits des hommes et des femmes et surtout la féministe de tous les combats pour que ces dernières s’émancipent.
On peut dire que cette femme, féminine, passionnée, libre a ressenti très tôt dans sa jeunesse « la malédiction de naître fille ». Terrible phrase qui me relie à des pays où naître fille est déjà un avatar et où on ne renonce pas à tuer les petites filles encore embryons et source de soit-disant futurs soucis.
Et puis toute sa vie fut dédiée à des luttes féminines comme la contraception, l’avortement le divorce, le viol, la parité et l’égalité en politique à travers son Association « Choisir ». Acquis sur lesquels nous vivons aujourd’hui grâce à des femmes de cette trempe-là !
Combattante de tous les temps jusqu’à son dernier souffle. Elle exhorte les femmes à continuer le combat et à ne rien lâcher.
« Le combat est une dynamique. Si on arrête, on dégringole. Si on arrête, on est foutu. Car les droits des femmes sont toujours en danger. Soyez donc sur le qui-vive, attentives, combatives ; ne laissez passer un geste, un mot, une situation, qui attente à votre dignité. La vôtre et celle de toutes les femmes. »
Et ce qui m’a rendu perplexe c’est le besoin du regard de sa mère qui apparait à la fin du livre comme un cri déchirant : « Pourquoi maman ? Pourquoi tu ne m’as jamais aimée ? » Phrase terrible qui doit résonner aux oreilles de beaucoup de femmes.
Je vous recommande de lire ce livre comme je l’ai fait d’une traite et avec un plaisir extrême.
Madame Halimi je vous salue et je suis sûre que même dans votre mort votre lutte continue.


Paris, 6 septembre 2020.
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