Aujourd’hui je suis partie à pied jusqu’à la gare de Kyoto par la porte ouest pour prendre le train qui mène au Temple Fushimi Inari Taisha. http://inari.jp/en
Le train était bondé et ça donnait le ton de l’entrée dans le temple et surtout le nombre de personnes venues prier. Si on a la carte JR on prend le train de la ligne qui va à Nara et on s’arrête à la gare Inari soit 2 stations après Kyoto. On est alors juste devant le temple. Et là oh horreur un monde …. A vous faire rebrousser chemin.
Mais bon j’avais décidé de voir le temple du renard, de la prospérité et des commerçants et surtout le chemin des Tori (portiques vermillon) qui est particulièrement exceptionnel à cet endroit. Alors j’ai suivi la foule et ses rituels.
Le Japon compte plus de 80 000 sanctuaires. 30 000 d’entre eux sont consacrés au dieu renard du Shintô, appelé Inari-shin ou Inari-no-kami. C’est peu dire….
L’histoire du temple veut que l’empereur Irogu no Hatanokimi ait rompu un gâteau de riz et que ce dernier se soit transformé en cygne et qu’il se soit envolé. Le cygne se serait posé sur un pic montagneux et du riz serait poussé ! Ina veut dire riz en japonais.
Il est dit que le Déesse Inari Okami serait apparue sur cette montagne le 1er jour du Cheval du 2e mois de l’an 711 selon le zodiaque traditionnel.
Inari est une Déesse qui nourrit, habille les gens et leur donne un toit. Elle protège les gens, de l’empereur au plus humble de ces sujets, pour que ces derniers puissent avoir abondance et plaisirs. Aujourd’hui on prie Inari pour la prospérité tant dans le business, la sécurité chez soi et le développement des arts.
En effet Inari, divinité kami de la croissance du riz, des affaires et du commerce, règne en ces lieux grâce à son messager terrestre, animal rusé qui vous dévisage de ses yeux inquisiteurs, la clef du grenier à riz en travers de la gueule. C’est parce qu’il mange les rats qui s’attaquent aux récoltes, que la couleur et la forme de leur queue sont celles d’un épi de riz mûr, que les renards ont acquis ce statut de dieu agricole. Devant tous les sanctuaires dédiés à Inari-no-kami, vous trouverez une statue de renard, et très souvent, quelqu’un aura posé devant lui une offrande de tofu frit, ou un « inari-zushi », c’est-à-dire une boulette de riz vinaigré dans une petite pochette de tofu frit dans une sauce sucrée : on dit que ce sont ses mets favoris.
C’est un temple Shinto.
Je suis entrée dans le temple par le grand tori Kumanosha pour atteindre le grand temple tout en visitant les alentours. Autour on trouve le lieu où l’on peut se purifier : en prenant de l’eau, en aspergeant ses mains et en buvant cette eau sanctifiée. Ces endroits sont sobres, l’eau étant enserrée dans un bac en pierre, surmonté de bambous et de cuillères en bambou servant à la purification individuelle.
Puis le long du chemin menant au temple principal des renards stylisés noirs tiennent dans leur gueule des épis de riz ou bien d’autres gris sont assis avec une clef. En arrivant sur le grand temple des lampions en papier et en fer peints en noir stylisés pendent.
De chaque côté du temple on peut voir des toris où les japonais accrochent des planches en bois ou des petits toris où ils ont écrits leurs vœux. C’est très délicat et plein de charme. Ils pendent tous et il y en a des milliers. Impressionnant ! Les uns sont en bois avec un coq, un cygne ou bien la représentation du temple. Ils y inscrivent le vœu du jour et l’accroche sur l’endroit adéquat. Les japonais font souvent des vœux mais aussi ils prennent une boite où ils attrapent un papier enroulé qui correspond à une pensée et à la réalisation d’un vœu. Ça vaut le détour !
Puis j’ai emprunté alors le chemin des mille toris qui contrairement à ce qu’on pourrait penser, ont été financés par des hommes d’affaires, des sociétés ou de grands groupes. Au dos de chacun d’eux, leur nom est inscrit sur chacun des poteaux ainsi que la date de pose. Pour la petite anecdote, il faut compter à partir de 175.000¥ (1 326,50€) et jusqu’à 1,3 million de Yens (9 869,40€) pour les plus visibles, avec plusieurs années d’attente ! Il y avait foule et il y faisait une chaleur à mourir. J’ai réussi à les prendre sans personne. Cela donne un charme incroyable ! On se croirait dans une forêt de toris qui nous protège du monde et du diable. On a l’impression d’être happé par ces rangées de toris qui vous mènent jusqu’en haut du sanctuaire.
Puis j’ai quitté ce chemin des mille toris pour aller à travers des champs de bambou me promener, me rafraichir et échapper à la foule. Pour le coup j’ai croisé une dizaine de personnes maximum. Ce chemin était impressionnant car dans une forêt de bambous où le vent soufflait par moment donnant une ondulation des bambous. Et puis quand on cogne le bois de bambou il émet une musique. En cheminant j’ai croisé des cimetières, des petits temples avec des stèles où trônaient des mini toris mais aussi des renards. Et il y en avait partout ! J’ai même rencontré une fille qui faisait des prières et méditait dans un de ces endroits. Tout cela était très poétique. Je n’avais pas pris le bon chemin mais cela n’avait aucune importance. Je marchais et cheminais, selon le bon gré de la déesse Inari, qui a voulu me montrer le côté non touristique de son sanctuaire. J’ai fini dans un joli temple avant de devoir prendre des marches mousseuses. Et j’ai eu peur de glisser ! Et là j’ai fait demi-tour. Une femme dans le dernier temple m’a offert de l’eau tellement j’étais détrempée par la chaleur et je suis repartie par le même chemin. Le chemin des bambous – une véritable détente et une paix intérieure absolue. Je ne regrette pas d’avoir marché deux heures sous les bambous et avoir découvert des endroits inconnus de tous. Il faut parfois sortir des sentiers balisés pour faire de véritables découvertes qui enchantent l’âme et le cœur. Dans une autre vie le chemin adéquat sera ouvert à mon éveil !
PS : Pour la petite anecdote, ce temple est le lieu où a été tourné le film « Mémoires d’une Geisha ».
Votre commentaire