Nara, Nara, Nara (奈良市), Nara-shi – 14 août 2017


Nara par un matin pluvieux, après un typhon sur Hakone et Kyoto. Je suis arrivée par le premier train de Kyoto. Me voilà partie à la découverte de la ville tant vantée par des Français rencontrés à Hakone.

Nara que j’aborde par la rue piétonne centrale pour me diriger au plus vite vers l’hôtel pour m’alléger de mon sac, et surtout pour faire le tour des points historiques intéressants.

Nara que je rêve de voir ce soir illuminée par les lampes à huile près des temples car c’est le dernier soir de la fête des lanternes : fin de la fête des morts. Ces derniers fêtés par une multitude de sources de lumière, censée accueillir puis raccompagner les âmes des ancêtres. Ils retournent alors définitivement dans le monde des morts.

Nara, la capitale historique du Japon entre 710 et 784 de notre siècle qui regorge de merveilles : Le Bouddha de 16 mètres du temple Todai-ji et son musée ; le musée national de Nara avec ses œuvres bouddhistes ; le temple Gangoji et les jardins zen Yoshikien et Issuien.

Nara qui m’a surprise par le nombre de biches (Shika Kawaii) se promenant en liberté ! Incroyable ! Les japonais les adorent, les nourrissent et les caressent car ils sont sacrés et représentent Bouddha. Ils passent leur temps à se photographier devant ou dessus comme si Bouddha leur serrait la main. Les daims mettent la panique sur les routes autour des temples ! Les daims sont synonyme d’être les protecteurs de Nara et du Japon. En tout cas ça sent pas bon et attention où on met les pieds ! Aucune envie de les caresser… Effet repoussoir pour moi !

 

Pourquoi la fête des lanternes à Nara au sanctuaire de Kashuga-Taisha (mausolée du clan japonais Fujiwara) :

Eh bien un festival, rituel de cette ampleur mérite toute son attention et de s’y rendre au plus vite. Il faut attendre la nuit tombante pour rejoindre le temple de Kashuga-Taisha, à travers les bois et les allées, qui le parcourent, en longeant les 3000 lanternes en pierre recouvertes de lichen. Impressionnant par le côté solennel et les chemins empruntés pour l’atteindre. On remonte des allées et on peut apercevoir des dizaines de personnes, allumettes à la main, en train d’allumer toutes les lanternes de pierre. A certains endroits, il est donné comme présent aux touristes et aux personnes se recueillant, des lampions avec des bougies et des allumettes, qui devront être allumés par le quidam la nuit venue pour se promener en procession.

Trois fois par an, les 3 000 lanternes du sanctuaire Kashuga Taisha sont illuminées entre 18h30 et 21h00, le 3 décembre et les 14 et 15 août, durant le festival O-Bon ou Tokae. 20 000 bougies sont allumées partout autour des sites emblématiques, dans les parcs de la ville de Nara. Cela dure 10 jours. A ne rater sous aucun prétexte !

Le Obon [お盆] est une coutume japonaise tiré du bouddhisme qui vise à honorer l’«esprit des ancêtres». Cette coutume confuciano-bouddhiste a évolué à travers les âges, se transformant aujourd’hui en une réunion de famille qui mène les nouvelles générations à se rendre sur les terres d’où proviennent leur famille. Visite sur les tombes des aïeuls et nettoyage de ces dernières sont au programme.

Tokae 燈花会. Les deux premiers signes se lisent “toka” et désignent une forme de fleur que peut parfois prendre la flamme au moment où on allume la mèche de la bougie. La légende dit que voir cette « fleur » porte bonheur et fortune. Il faut absolument faire un vœu si la mèche de la bougie prend la forme d’une fleur. Quant au troisième symbole, il se lit « é » et signifie « rencontre ». Et surtout la légende dit que l’on peut, à travers la flamme, voir en profondeur dans son cœur et prier les dieux. Et maintenant chaque lanterne porte un vœu pour un monde en paix et pour apporter le bien-être à tous sur Terre.

IMG_5050

Cet évènement se perpétue depuis plus de 800 ans. Les lanternes en pierre sont des dons de citoyens ordinaires, à l’exception d’une poignée d’entre elles qui sont dédiées à la mémoire de samurai ayant guerroyé à l’époque Sengoku (époque des provinces en guerre, du 15e au 18e siècle). La douce lueur des bougies renvoie à une époque où l’électricité n’existait pas et offre une atmosphère empreinte de mysticisme. Le reflet des flammes à la surface de la rivière et le rouge vermillon des bâtiments du temple renforcent cette sérénité et cette harmonie.

Il existe deux types de lanternes : les lanternes de pierre dans le jardin et les allées ; et les lanternes suspendues dans les corridors. Les premières sont ornées de bandes de papier japonais sur lesquelles les fidèles inscrivent leurs vœux ; elles sont allumées par les participants au festival. Les secondes offrent une grande variété de design. Traditionnellement, les lanternes étaient allumées tous les soirs et le nombre de lanternes allumées correspondait au nombre de vœux faits ce jour-là.

Mais revenons à ce moment magnifique, magique, dans une atmosphère de communion spirituelle qui permet de se recueillir, de rencontrer d’autres personnes et surtout de suivre les rituels au sein du sanctuaire shintoïste de Kashuga-Taisha.

En premier lieu il faut se rendre à ce sanctuaire, éloigné, excentré du centre de Nara et suivre le chemin enserré de lanternes en pierre, dons de personnes voulant réaliser des vœux. La nuit petit à petit fait son apparition et assombrit le chemin, le rendant périlleux. Puis on atteint le sanctuaire où s’affairent des personnes invitées. Il faut montrer patte blanche mais j’ai réussi à me faufiler entre deux et ai pu entrer dans le saint des saints. Et bien m’en a pris car j’ai pu suivre des rituels inconnus de moi. Des prêtes sont assis en tailleur et jouent d’instruments de musiques : des drums comme le groupe Kobo. D’autres dansent sur une scène. Ils sont habillés en kimonos traditionnels blancs, rouge et orange. Des mouvements très lents, style Tai-chi, s’opèrent devant nous, avec surement des significations que je ne connais pas. Ils tournent sur eux-mêmes, ouvrent et ferment les bras aux grandes manches de kimonos. Tout en regardant ce spectacle inouï, je profite du site couleur vermillon, éclairé de lanternes en bronze à mi-hauteur des plafonds et sur les bouts des toits à la mode de Chine. Une atmosphère incroyable se dégage de ce site et on se sent imprégné d’une aura spirituelle incommensurable. On écoute et regarde ce spectacle comme halluciné. Dans quel siècle sommes-nous ? Où avons-nous atterris ? Où errons-nous ? Quelle âme de nos ancêtres nous a amené en ce lieu ? Recueillis nous suivons la mélopée et nous demandons quel hasard nous a fait entrer dans ce monde. Puis tout s’évapore. En un clin d’œil les invités quittent le lieu comme des sauterelles repues. Et je repars avec mon lampion allumé à la recherche d’autres aventures. Nous sortons du temple et partons à travers un dédale de petits sanctuaires où l’on peut prier en plein air à la lumière des lampes. La police nous fait refluer vers le grand parc. Eux-mêmes sont illuminés – leur dos clignote – trop drôle !

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Ce lieu est vraiment magique et ce que je viens de vivre au plus grand des hasards a rempli mon esprit et m’a fait gagner en sérénité. Je repars par les chemins et les rues tracées pour les voitures pour atteindre le parc de Nara où des lanternes au sol trônent et illuminent la ville. C’est juste féérique. Il y en a des milliers. Une ville enluminée. Tout est blanc, rose ou jaune sur des kilomètres…. Des champs de lanternes allumées. Magique ! Les gens en kimonos ou en civil se promènent entre les lanternes, dinent, boivent ou papotent. Certaines lanternes dessinent des cœurs, d’autres des idéogrammes japonais. Impressionnant aussi devant les temples.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

J’ai joui d’un moment extraordinaire en ce lieu et je ne suis pas prête de l’oublier. La mémoire des ancêtres en Asie est une commémoration importante, traditionnelle et un lien entre le monde des vivants et des morts. Un moment suspendu entre deux auquel je pense toujours. Et le sourire me revient avec la mémoire de ces lanternes !

Catégories :Asie, Japon, Non classéTags:, , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :