De retour d’un séjour en Géorgie, je voudrais vous partager le plaisir d’avoir participé aux Pâques orthodoxes dans le nord de la Géorgie, à15 kilomètres de la frontière avec la Russie, dans la ville de Stephantsminda.

Monter par la route dite militaire donne le ton de la route ! Route magnifique enclavée dans les montagnes du Caucase, partant de Tbilissi pour se rendre dans le nord vers la frontière russe. Cette route a été créé par les Tsars au 18^e siècle pour désenclaver la Géorgie et commencer à l’intégrer à l’empire russe.

Cette route à deux voies est une route importante pour les Géorgiens puisqu’elle permet le passage des camions de marchandises en provenance de la Turquie mais aussi des autres pays entourant la Géorgie comme l’Azerbaïdjan, l’Arménie. La route est parsemée de camions chargés à bloc qui barrent la route aux voitures, ralentissent et densifient le trafic. Elle est très éprouvante pour les voitures et les conducteurs. Trous, ornières, camions en panne bouchant la route et retard assuré.

Nous avons donc suivi le trafic et au lieu des deux heures trente annoncés nous en avons mis plus de quatre pour rejoindre Stephantsminda. Juste un arrêt pour prendre un café et se dégourdir les jambes dans les montagnes où en hiver on skie. Un joli chien se tenait devant la porte et faisait la circulation à note de grosses lèches.

Il faisait un froid de canard, vent mauvais et ciel bien gris pour un mois de mai ! Il a même neigé alors que les cimes de montagnes étaient encore blanches.

Il faut dire que nous passons par plusieurs cols dont un à plus de 2300 mètres d’altitude (col Jvari) où tout semble polaire et même surréaliste. Roches incroyables et surtout un endroit surprenant où tous les peuples géorgiens, russes sont rassemblés en une grande ronde ovale en pierre et mosaïques. L’amitié des peuples au sein de l’Union soviétique ! Lieu sorti de nulle part et bien propre à la culture soviétique.

Un peu avant on peut aussi admirer une sorte de Pamukkale géorgien orange, une peu étrange dans un environnement glacial.

Arrivés sur place nous avons rejoints notre maison d’hôtes et avons filé chez une autre personne pour préparer les fêtes de Pâques.

En quoi cela consiste-t-il ?

Comme tous les orthodoxes la fête commence par colorier les œufs en rouge. Puis à préparer le gâteau de Pâques.

Pour les premiers on fait tremper et bouillir les œufs dans de l’eau chaude avec des pelures et des peaux d’oignons rouges et les Géorgiens ajoutent une herbe particulière dont j’ai oublié le nom qui rougit l’eau et les œufs. On laisse cuire pendant un certain temps et l’œuf devient alors rouge foncé.

Une fois les œufs prêts on les dispose dans un plat et on attend le diner de Pâques – tradition oblige !

Pour le gâteau c’est beaucoup moins simple à réaliser et cela prend un temps fou ; on prépare aussi un pain au fromage et du pain tout simple.

Pour le gâteau on prend de la farine, du sucre des œufs – on mélange ; on ajoute de la levure et hop on met à cuire dans un moule le tout au four. Le tour est joué et semble simple mais pas toujours le cas. Et on ne fait pas qu’un seul gâteau mais plusieurs car on les offre aux voisins, à la famille, aux amis…

Une fois cuit on le met dans un joli papier gras comme ceux des panettones, puis on le décore de jolies petites étoiles et autres. Le gâteau est bien compact et il tiendra bien dans l’estomac. Pas de risque d’avoir faim après !

Puis on met la table avec une jolie nappe et le tour est joué.

Vers 10 heures du soir on dine mais avant on cogne les œufs. On prend l’œuf entre le pouce et l’index. Premier tour on point la partie ovale de l’œuf et on cogne celui de votre voisin – s’il se casse vous avez perdu (quoi je ne sais pas) et on recommence avec la partie ronde de l’œuf. Idem ! Et ainsi de suite jusqu’à ce que tous les œufs soient cassés.

Puis vient le repas : soupe, des pickles, les pains au fromage, la viande d’agneau et le fameux gâteau de Pâques le tout arrosé de vin rouge géorgien. Avec tout cela vous êtes bien calés !

Et puis arrive minuit ! Et là on se rend à la messe de minuit dans l’église la plus proche. A Stephantsminda on s’est rendu à une petite église non loin de là où nous dormions. Toute petite et toute jolie en partie rénovée.

Les gens s’étaient rassemblés pour écouter la messe puis tous les gens sont sortis de l’église pour en faire trois fois le tour avec des bougies à la main et pour finir par écouter le prêtre et ses acolytes chanter et rentrer à nouveau dans l’église pour un nouveau prêche, des prières et des encens qui parfumait le cœur de l’église et finissait par vous faire tousser. Rien que d’écouter les gens chanter cela vous transportait et la musique entrait dans votre corps.

Mais le froid aussi pénétrait les corps et nous sommes rentrés gelés pour aller dormir après un long voyage et une journée bien remplie.

Paris le 15 juin 2024.